Analyse d’un dessin défendant la liberté : « La liberté sera toujours la plus forte ».

Dessin de Plantu publié à la une du journal Le Monde le 9 janvier 2015.

A gauche : Dessin de Plantu La Liberté sera toujours la plus forte.

A droite : Tableau de Georges Delacroix La Liberté guidant le peuple sur les barricades.

I - L’auteur.

Jean Plantureux, dont le nom d’artiste est Plantu, est un dessinateur de presse et caricaturiste français né en 1952 à Paris. Ses dessins paraissent dans le journal Le Monde depuis plusieurs années. Plantu est un artiste engagé : grâce à ses dessins, il se moque de la vie politique et défend les droits de l’homme et les libertés.

II – Le contexte historique.

Le mercredi 7 janvier 2015, un attentat est perpétré contre la rédaction du journal hebdomadaire Charlie Hebdo, faisant 12 victimes dont les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski. Des terroristes islamistes ont voulu punir ce journal pour avoir publié des caricatures de Mahomet.

Dès le mercredi 7 au soir et tout au long du week-end, la France s’est mobilisée sur l’ensemble du territoire au travers de rassemblements populaires extraordinaires, réunissant des millions de citoyens.

Aussitôt, des dizaines d’illustrateurs et dessinateurs de presse comme Plantu ont utilisé leur «arme» favorite, le crayon, pour défendre la liberté d’expression, principe fondamentale de la République française, attaquée lors de cet attentat.

III – Description de l’œuvre.

Ce dessin montre une scène de révolte. Au centre, le personnage principal est une femme à la poitrine nue au bonnet phrygien*, qui mène une foule vers l’avant du dessin. Elle brandit deux crayons dont l’un porte le drapeau tricolore français.

 

A ses côtés, un enfant au béret brandit lui aussi deux crayons, de même que d’autres personnages sur la gauche. A leurs pieds, plusieurs combattants sont face contre terre, morts, ou tentent de se relever, parfois avec un crayon à la main.

 

En bas à gauche, on peut lire « d’après Delacroix ». Plantu indique qu’il s’est inspiré d’une œuvre très célèbre d’Eugène Delacroix, artiste français du XIXe siècle. Sur la droite un journal est ouvert, dont la une, «Je suis Charlie» écrit en blanc sur fond noir, est lisible. Ce journal est à côté d’une souris brandissant un crayon.

 

Dans le coin en haut à gauche du dessin, on voit quelques nuages et un soleil (ou un visage, une larme à l’œil). Dans le coin à haut à droite, l’artiste a représenté un oiseau blanc, un crayon dans le bec et dont les ailes sont des feuilles de journal.

IV- Analyse de l’œuvre.

Comme l’indique Plantu, ce dessin est inspiré d’une œuvre de Delacroix. Cette œuvre, l’une des plus connues d’Eugène Delacroix (1798-1863), s’intitule La Liberté guidant le peuple sur les barricades. Elle a été peinte en 1830 et est exposée au Musée du Louvre à Paris.

 

Dans le dessin de Plantu, les armes que l’on voit sur le tableau de Delacroix ont été remplacées par des crayons. Le journal dont la une est « Je suis Charlie » montre le motif de la révolte : le peuple se dresse des crayons à la main  pour défendre la liberté d’expression qui a été attaquée par les attentats du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Les personnages représentés en bas du dessin sont les dessinateurs assassinés lors de ces attentats. L’expression « Je suis Charlie » est un slogan inventé par un graphiste français dans les heures qui ont suivi les attentats. Elle signifie : « Je suis solidaire avec les victimes de ces attentats ». Elle a été reprise dans les manifestations de protestation contre ces attentats en France et dans le monde.

 

L’idée de la Liberté d’expression est aussi reprise par Plantu grâce à l’oiseau blanc, habituellement symbole de la paix, en train de voler de ses ailes en forme de journaux, tout en tenant un crayon dans son bec.

 

Dans le tableau de Delacroix, la femme au centre de l’œuvre est Marianne qui symbolise la Liberté. Elle mène au combat le peuple (composé d’ouvriers, de bourgeois et d’enfants) pour résister à la décision du roi de France Charles X de rétablir la censure* (juillet 1830). La Révolution de 1830 a entraîné la chute du roi Charles X et sa fuite vers l’Angleterre. Les tours de la cathédrale Notre (à droite) Dame montrent que la scène se déroule à Paris.

 

NB : la souris dans le coin en bas à droite est un personnage habituel dans les dessins de Plantu : « Elle n’a pas de signification particulière, mais les jours où c’est épouvantable de trouver des idées, ça m’aide un peu de voir un petit personnage sur le papier qui réagit avec moi ».

 

Définitions :

  • ­       Bonnet phrygien : bonnet porté durant l’Antiquité par les esclaves libérés et adopté pendant la Révolution française par les révolutionnaires pour symboliser la liberté.
  • ­       Censure : interdiction ou limitation de l’information décidée par le gouvernement d’un pays.